Le syndrome naviculaire a été rebaptisé « syndrome podotrochléaire du cheval ». Pourquoi ce changement de nom pour un nom si complexe me direz-vous ? Tout simplement, car le terme naviculaire portait à confusion. En effet, souvent mal compris, le syndrome podotrochléaire est complexe et peut avoir plusieurs origines et causes :
🔹Un remodelage de l’os naviculaire et dégénérescence du cartilage
🔸Une déformation ou inflammation de la bourse naviculaire
🔹Une tendinite du tendon profond au niveau du naviculaire
Lorsqu’un cheval est dit naviculaire, il peut avoir une ou plusieurs structures citées ci-dessus atteintes. Donc un cheval dit « naviculaire » peut très bien avoir un os naviculaire en pleine forme.
Ou se situe l’os naviculaire?
Commençons par le commencement, un peu d’anatomie. L’os Naviculaire se situe dans le pied au niveau des talons (NB sur la photo). Le tendon fléchisseur profond (en rouge) passe juste sous cet os pour venir s’attacher sur la troisième phalange (P3) qui est dans le pied. La bourse naviculaire est elle en jaune sur la photo, et se situe entre le tendon et l’os.
Comment savoir si un cheval est « naviculaire » ?
Le diagnostic
Auparavant, le test de la planche était le test de diagnostic « par excellence ». Cela consistait à mettre le pied du cheval sur une planche et de lever celle-ci afin que le cheval reporte son poids à l’arrière du pied. Si le cheval en est capable sans montrer de signe d’inconfort, alors le syndrome naviculaire était exclu. Mais les vétérinaires chercheurs se sont vite rendu compte que le syndrome naviculaire était plus complexe que juste une atteinte de l’os naviculaire. En effet, le souci rencontré avec cette pathologie est, que si l’os naviculaire n’est pas atteint (remodelé), il est très compliqué de diagnostiquer le cheval sans IRM. Lorsque l’os est atteint, la maladie est dégénérative, il est impossible de faire marche arrière.
Les signes
Un cheval naviculaire montrera souvent des boiteries faibles et intermittentes avant que le syndrome ne soit détecté. Ceci engendrera des compensations musculaires des antérieurs, mais aussi du dos et des postérieurs. Un cheval naviculaire aura tendance à avoir une foulée raccourcie et posera le pied en pince.
Comment se tient un cheval dit « naviculaire » ?
Pour soulager la douleur, un cheval naviculaire modifiera sa locomotion et cela sera parfois invisible à l’œil nu. Des chercheurs ont étudié le posé du pied ainsi que les pressions exercées lors du posé du pied de chevaux sains et de chevaux naviculaires, voici ce qu’ils ont observé :
Les chevaux atteints du syndrome podotrochléaire peuvent avoir :
- Des talons « écrasés » dans ce cas un mauvais équilibre du pied pourrait être la cause du syndrome.
- Des talons encastelés avec un pied « haut ». Cela semblerait plutôt être la conséquence du syndrome.
En effet pour soulager l’appareil naviculaire, lors du posé, le cheval mettra le moins de poids possible au niveau des talons. Il ne posera donc pas les talons en premier. Pour effectuer cela, le cheval va contracter ses muscles fléchisseurs. Cela se répercute malheureusement sur le tendon fléchisseur profond qui subit un stress augmenté comparé à des chevaux sains. Cela veut également dire que les muscles fléchisseurs vont travailler davantage et peuvent se surdévelopper. Une autre explication de l’augmentation de la force exercée sur les structures d’un cheval naviculaire est que le cartilage est abîmé, il ne peut donc plus jouer son rôle d’amortisseur et le choc se répercute sur les autres structures. Malheureusement, cette compensation aura des répercussions sur la musculature des épaules, encolure et du dos, mais ce n’est pas tout.
Lors du posé du pied, le talon joue un rôle d’amortisseur.
Maintenant regardez la photo
Si c’est la pince qui se pose en premier, nous n’avons plus les talons pour amortir le choc, le naviculaire vient « buter dans la dernière phalange » (P3) ce qui sur le long terme accélère sa dégradation. En voulant se soulager le cheval empire donc son cas.
Comment prendre soin d’un cheval « naviculaire » ?
Vous l’aurez compris, il est primordial de gérer la douleur afin d’éviter que le problème s’empire encore plus rapidement.
1. Vos premiers référents doivent être votre vétérinaire et maréchal. Eux seuls pourront vous conseiller sur la ferrure qui conviendra à votre cheval.
2. Des traitements anti-inflammatoires par voie orale pourront également soulager votre cheval.
3. Une infiltration locale de Tildren est aussi envisageable. Oui le Tildren en local ça se fait, à la base le Tildren a été inventé pour le syndrome naviculaire ! Et oui..!
4. Du palmitoyléthanolamide ! Il semblerait que 2,5g de Palmitoyléthanolamide par jour dans la ration pendant 4 mois, soulage le cheval. Je vous en dis plus ici.
5. Les chondroprotecteurs : Lors d’un syndrome podotrochléaire lié à l’os, ou à la bourse synoviale, il risque d’y avoir une inflammation articulaire. Les chondroprotecteurs et omégas 3 pourront soulager le cheval.
6. Une ration adaptée et équilibrée en vitamines et minéraux sera également utile pour votre cheval, vous pourrez aussi le complémenter avec des chondroprotecteurs afin de le soulager et d’essayer de ralentir le syndrome.**
7. Il est donc très important de gérer les compensations musculaires et articulaires afin que le cheval ne développe pas de problèmes dorsaux. Faites appel à un masseur et ostéo régulièrement !
8. Lors de crise, n’hésitez pas à mettre le pied de votre cheval dans la glace.
9. De l’argile et huiles essentielles ? Bien que les commerciaux vendent de l’argile et HE pour soulager le cheval naviculaire. À ce jour aucune de ses options n’a fait ses preuves lors d’études. Le sabot étant imperméable et le naviculaire étant très profond, il semble difficile à concevoir que l’argile ou les HE puissent pénétrer aussi profondément.
La petite anecdote de fin
** La petite anecdote, une jument de CSO tournant sur 110-120cm est naviculaire sur les deux antérieurs, ferrure adaptée et infiltration tous les ans avec radio de contrôle. Pendant un an, la cliente a donné du flex pro presque en continu et lors de la radio de contrôle à leur grande surprise rien n’avait bougé !! Aucune dégradation comparée aux années précédentes.
Enfin, si c’est l’os lui même qui est touché, n’hésitez pas à donner des chondroprotecteurs à votre cheval.
Études :
Wilson et al, 2010 : ICI
Enrico Gugliandolo 1, Alfio Barbagallo 2,Alessio Filippo Peritore 1,Salvatore Cuzzocrea 1,3,* and Rosalia Crupi. 2020.Oral Supplementation with Ultramicronized Palmitoylethanolamide for Joint Disease and Lameness Management in Four Jumping Horses: A Case Report