La pierre à sel : vraiment utile ?

Alors que les humains ont tendance à manger trop de sel, c’est l’inverse pour nos chevaux qui manquent très souvent de sodium dans leur ration. Nombreux ont accès à une pierre à sel, mais est-ce suffisant ? Avant de rentrer dans le vif du sujet, savez-vous pourquoi le sel aussi est aussi important pour votre cheval ? Dans cet article, nous allons aborder tous les thèmes suivants, qui je l’espère, vous permettront de voir plus clair dans les besoins de vos chevaux, mais aussi de comprendre les différences entre les différents type de sel.

L’importance du sel pour votre cheval

Le sel, composé de sodium et de chlore, joue un rôle essentiel dans le bon fonctionnement de l’organisme du cheval. Le sodium régule l’équilibre hydrique, la transmission nerveuse et les contractions musculaires. Le chlore participe à la digestion en formant l’acide chlorhydrique dans l’estomac. Or, le cheval perd beaucoup de sel par la sueur, surtout par temps chaud ou pendant l’effort. Une carence peut entraîner fatigue, déshydratation, troubles musculaires ou digestifs. Comme l’herbe, le foin ou les céréales en contiennent peu, il est important d’en fournir au cheval. Souvent, l’été, nous donnons des électrolytes aux chevaux. Et ça, c’est vraiment très bien. Toutefois, ces compléments ne contiennent bien souvent pas assez de sel. Donc même avec des électrolytes, un apport en sel à côté, peut s’avérer grandement utile.

Quels sont les besoins journaliers ?

D’après le NRC un cheval au repos aurait besoin de 25g de sel par jour soit environ 1,5 cuillère à café. Le foin ou l’herbe pourront lui en apporter un petit peut. D’ailleurs, suivant le lieu de récolte du foin, celui-ci aura une teneur plus ou moins élevée en sel (voir le replay du webinaire avec Angélique) : ICI.

Les pierres à sel

Poney qui lèche sa pierre à sel

Ces blocs minéraux que l’on met à disposition du cheval sont censés lui permettre de compléter ses besoins en sel en libre-service. Sur le papier, c’est pratique… mais dans la réalité, ce n’est pas si simple.

D’abord, on ne peut pas savoir combien de sel le cheval consomme vraiment. Il lèche, gratte, mordille parfois… mais quelle quantité ingère-t-il ? Mystère.

Ensuite, non, le cheval ne sait pas réguler naturellement ses apports en sel. C’est une idée reçue tenace, pourtant déjà contredite par la science depuis 1999 ! Il faut donc prévoir un apport mesuré dans sa ration quotidienne, surtout s’il transpire beaucoup.

Et puis, pensons à l’hygiène : les pierres à sel dans les boxes prennent la poussière, abritent parfois des champignons ou bactéries. Et quand elles sont partagées en troupeau, elles peuvent devenir un vrai vecteur de transmission de maladies.

Moralité : la pierre à sel peut dépanner, mais elle ne suffit pas. Pour répondre précisément aux besoins de votre cheval, mieux vaut lui fournir une source de sel propre, adaptée et dosée. Mais si vous souhaitez en mettre à disposition, il est important de savoir ce que vous achetez. En effet, il en existe de nombreuses sortent. Alors faisons un petit tour d’horizon.

Les différentes pierres à sel

La pierre de sel rose de l’Himalaya attire par sa couleur naturelle, due à sa teneur en oxyde de fer. Elle renferme également de faibles traces d’oligo-éléments (comme magnésium, calcium, zinc), mais en quantités si minimes qu’elles n’ont guère d’impact nutritionnel réel, à l’inverse de ce que voudraient vous faire croire les commerciaux.

Le sel marin peut sembler naturel, mais il présente un risque de contamination par des métaux lourds ou des microplastiques, en raison de la pollution des océans. Il peut donc être moins sûr pour nos chevaux. Certaines pierres à sel sont également enrichis de diverses minéraux. Mais attention, celles enrichies en iode doivent être maniées avec précaution. Le seuil d’intoxication pour ce minéral est faible chez le cheval ; un excès, même modéré, peut perturber tout l’organisme. Il est donc essentiel de surveiller l’apport global en iode (alimentation et blocs confondus).

Peu importe le type de sel, ils peuvent aussi irriter l’estomac du cheval. Cela peut potentiellement engendrer des ulcères. Donc si votre cheval est sujet aux troubles digestifs, il est préférable de choisir du sel micro-encapsulé. Il sera mieux pour l’estomac mais sera également mieux assimilé.

Petit point écologique

Le sel de l’Himalaya est souvent présenté comme un produit « naturel » et « pur », mais son extraction pose de sérieux problèmes. Il provient principalement des mines de Khewra, au Pakistan, où les conditions de travail sont difficiles : les mineurs travaillent souvent dans des environnements dangereux, mal ventilés, avec des salaires très bas et peu de protections. Sur le plan environnemental, l’exportation massive de ce sel vers l’Europe ou l’Amérique a un lourd impact carbone, lié au transport sur des milliers de kilomètres. Le sel de l’Himalaya est donc loin d’être un choix durable ou éthique, surtout lorsqu’on considère qu’il n’apporte aucun bénéfice nutritionnel particulier aux chevaux. Personnellement, je déconseille donc son utilisation, mais bien évidemment, vous êtes libre de vos choix 😇

En général, on donne quelle pierre à sel ?

D’après une étude réalisée sur 342 participants aux États-Unis (Sill et al, 2024) :

  • 30 % donnaient du sel blanc simple à leurs chevaux,
  • 29 % utilisaient du sel enrichi en minéraux,
  • 27 % proposaient du sel de l’Himalaya (sous forme de bloc, de corde ou de sel en vrac),
  • une seule personne a déclaré ne donner aucun sel.

Et les chevaux, ils préfèrent quoi ?

Ce même groupe de chercheurs ont ensuite réalisé une étude de terrain dans un centre universitaire avec des juments âgées en moyenne de 17 ans. Elles vivaient en petits groupes (5 à 9) dans des paddocks sans herbe, sauf pour une partie de l’étude menée au pré.

Les chevaux avaient accès à du foin à volonté et n’avaient pas de sel dans leur ration. Les chercheurs ont placé des blocs de sel côte à côte dans des seaux en caoutchouc à l’intérieur des abris.

Quatre types de pierres à sel ont été testés :

  • du sel blanc simple,
  • du sel enrichi en minéraux,
  • du sel enrichi en sélénium,
  • du sel de l’Himalaya.

Pour observer les comportements, les chercheurs ont utilisé une caméra à capteur de mouvement, installée au niveau des blocs. À chaque passage d’un cheval, la caméra enregistrait une vidéo de 30 secondes. Une minute de léchage était comptabilisée par visite. La caméra est restée un mois dans chaque paddock, et les blocs changeaient de place toutes les deux semaines pour éviter un effet de « préférence de côté ».

Résultats sur les préférences des chevaux

Les chercheurs ont constaté une grande variabilité entre les chevaux : certains venaient lécher le sel une seule fois, d’autres jusqu’à 42 fois pendant la période d’observation.

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