Les ulcères gastriques du cheval : signes, diagnostics et prévention

Les ulcères gastriques chez les chevaux sont une problématique bien trop courante. Causés par une alimentation inadaptée, un entraînement trop intensif ou encore un mode de vie inadéquat, pas facile de s’en sortir. Pourtant, en comprenant comment ils apparaissent et les signes qui doivent vous alerter, il est plus facile de les gérer. Bien évidemment, l’industrie des compléments alimentaires en a vite fait un vrai business. Mais savez-vous que certains compléments vendus pourraient en réalité faire plus de mal que de bien ? Alors c’est parti, dans cet article comprenons ensemble les ulcères et surtout, je vous donne une liste de tous les compléments ayant fait leur preuve !


Cet article étant très complet, je vous recommande vivement de le lire en entier. Toutefois, si vous souhaitez accéder directement à une section précise, vous pouvez cliquer sur le titre ci-dessous pour y être dirigé.

  1. Les différents types d’ulcères gastriques 
  2. Pourquoi le cheval peut-il avoir des ulcères ?
  3. La prévalence des ulcères gastriques chez les chevaux
  4. Les signes et symptômes
  5. Diagnostic des ulcères gastriques chez le cheval
  6. La prévention naturelle des ulcères gastriques

Les différents types d’ulcères gastriques 

Présentation des grades d'ulcères gastriques chez le cheval

Les ulcères gastriques sont des lésions situées dans l’estomac. Il existe différents types d’ulcères gastriques suivant là où ils sont situés. Les ulcères squameux qui se situent dans la partie haute de l’estomac, là où il n’y a pas de muqueuse protectrice. Les ulcères glandulaires, qui se situent dans la partie inférieure de l’estomac, là où il y a des glandes qui produisent l’acide et les enzymes digestives (d’où leur nom de glandulaires).Cette partie est également protégée par la muqueuse gastrique. Avant d’avoir de vraie lésion gastrique, il y aura déjà une inflammation de la paroi gastrique, appelée gastrite. Ensuite des lésions de différente sévérité peuvent apparaître, c’est ce que vous voyez en photo ci-dessus. Si celle-ci est trop sévère, il peut y avoir une hémorragie et l’estomac peut se « percer ». Cela devient une urgence vitale.

Pourquoi le cheval peut-il avoir des ulcères ?

Le cheval peut avoir des ulcères gastriques pour plusieurs raisons:

  • Une bactérie : Helicobacter Pylori
  • Une production d’acide trop élevée / une muqueuse abimée
  • Une infestation au vers

Je vous parle de la bactérie dans cette article, et de la gestion du parasitisme ici. Nous allons donc nous concentrer sur la production d’acide trop élevée / une muqueuse abimée.

Une production d’acide trop élevé / une muqueuse abimée

Plusieurs facteurs peuvent être la cause d’une production d’acide gastrique trop élevée ou d’une muqueuse gastrique de mauvaise qualité :

  • Mode de vie inadapté
  • Une alimentation inadaptée
  • Travail inadapté
  • Pas assez de salive
  • Un stress

Le mode de vie

Tout ce qui peut engendrer un stress / une frustration peut être la cause d’ulcères gastriques :

  • Le manque de mouvement (cela impacte aussi directement le système digestif)
  • Le manque de contact
  • Un mauvais équilibre au sein du troupeau
  • Une mauvaise ambiance à l’écurie : cris, palefrenier violent etc

L’alimentation

Le cheval étant fait pour manger presque toute la journée, il produit de l’acide en continu, il y a environ 2-3L d’acide dans l’estomac constamment. Lors d’exercice et notamment pendant le galop, le diaphragme vient comprimer l’estomac. Si celui-ci n’a pas de nourriture, l’acide sera poussé vers la partie squameuse qui n’est pas protégée par la muqueuse. Les risques d’ulcères sont donc augmentés.

Chez le cheval, les ulcères peuvent se développer dès 5j après le changement vers une alimentation non adaptée (manque de fibre, trop riche en amidon etc), il est donc important de surveiller son cheval au quotidien lors de changements.

Une ration trop riche en amidon ou trop grosse, ainsi qu’une ration pauvre en fibre augmente également le risque d’ulcères.

Le travail

Un travail trop intense et/ou trop fréquent sont également des facteurs pouvant augmenter le risque d’ulcère. Pour comprendre comment quantifier l’intensité d’une séance, je vous invite à regarder le webinaire sur la préparation physique. Travailler son cheval en hyperflexion engendre également un stress. Par répercussion, cela peut créer des ulcères. Le travail en hyperflexion, tout comme une muserolle trop serrée, empêche aussi le cheval de déglutir. La salive ne va donc pas dans l’estomac. Elle ne peut pas jouer son rôle de protectrice de la muqueuse.

Un manque de salive dans l’estomac

La salive joue un rôle bien plus important que ce qu’on le pense. En effet, elle aide à protéger la muqueuse gastrique. Une diminution de la quantité de salive dans l’estomac peut être causée par:

  • Le stress
  • Une déshydratation (Il faut du liquide pour créer du liquide)
  • Une ration inadaptée (mentionné précédemment)
  • Les glandes salivaires (inflammées, bouchées, bactéries etc)
  • Le travail (mentionné dans la paragraphe précédent)
  • Un problème de déglutition (Problème mécanique, hyperflexion, muserolle trop serrée)

Le stress est-il vraiment responsable des ulcères gastriques ?

Oui et non. Bien souvent, ce sont les causes du stress qui engendre les ulcères et non le stress directement. Mais une fois installé les réactions dans le corps peuvent engendrer des ulcères.

En cas de stress, il y a :

  • Une réduction du flux sanguin vers l’estomac : Lors d’une réaction au stress, le corps priorise l’irrigation sanguine des organes vitaux comme le cœur et les muscles, réduisant ainsi l’approvisionnement en sang de la muqueuse gastrique. Cela diminue la capacité de l’estomac à se réparer et à se protéger contre les agressions.
  • Augmentation de l’acide gastrique : L’adrénaline et le cortisol, par l’intermédiaire de récepteurs dans le système digestif, peuvent stimuler directement les cellules pariétales de l’estomac. Ces cellules sont responsables de la production d’acide chlorhydrique, qui aide à la digestion. En période de stress, cette stimulation peut entraîner une production excessive d’acide gastrique.

Le stress peut aussi déséquilibrer la flore de votre cheval, ce qui affaiblira la muqueuse tout au long du système digestif. Lors de stress, un cheval peut également produire moins de salive. La salive servant à protéger l’estomac, entre autres, la muqueuse de l’estomac se retrouvera agressée par l’acide.

La prévalence des ulcères gastriques chez les chevaux

Cheval bai présentant des signes d'agressivité

Aujourd’hui je vous partage des chiffres bien réels sur l’ampleur des ulcères gastriques chez le cheval. Les recherches sont plus importantes dans les courses mais les chercheurs commencent aussi à regarder les autres disciplines.

Les ulcères gastriques sont devenus un problème majeur pour nos chevaux. Stress ou mauvaise alimentation, trop de chevaux en sont victimes. Le plus compliqué avec les ulcères, ce sont les moyens de diagnostic.

Tableau indiquant le pourcentage de chevaux ayant des ulcères gastriques
Prévalence des ulcères gastriques chez le cheval- Rehactiv’Equine

Une autre étude de 2007 (Bell et al) a également observé que 90% des chevaux de course étaient atteints d’ulcères gastriques. D’ailleurs, dans cette même étude, certains chevaux vivaient au pré et d’autres non. Les chercheurs ont trouvé que 100% des chevaux qui étaient au pré avaient des ulcères gastriques!! Donc non, malheureusement, le pré ça ne change pas tout.Une autre a pris au « pif » 27 chevaux de loisir et après gastroscopie a observé que 90% d’entre eux étaient atteints de gastrites ou ulcères… Le problème est donc bien réel chez les chevaux de sport mais aussi chez les chevaux de loisir.

Les chevaux militaires ne sont pas épargnés.. D’après Hardy et ses collègues, 88% des chevaux de la garde républicaine Française auraient des ulcères.. c’est énorme !

Avant de passer aux choses sérieuses, voici un chiffre:  

4-6 % des ulcères gastriques squameux cicatrisent d’eux mêmes

Camacho-Luna et al, 2018.

Ce chiffre est très bas, donc j’espère qu’avec l’aide de cet article, vous comprendrez la nécessité de prendre en charge les ulcères, mais surtout comment les prendre en charge et comment accompagner votre cheval souffrant. Dans tous les cas, n’oubliez pas de contacter votre vétérinaire. Bien que des compléments naturels aient fait leurs preuves chez le cheval, ils ne remplacent en aucun cas un traitement vétérinaire.

Les signes et symptômes

Les chevaux atteints d’ulcères gastriques peuvent présenter des signes complètement différents et opposés voire ne pas en présenter du tout…

Un cheval vivant au pré avec foin à volonté peut avoir des ulcères, il n’y a pas que les chevaux de sport qui sont touchés. Il est donc impossible de savoir si un cheval a des ulcères en se basant seulement sur les signes cliniques. En effet tous les signes d’ulcères peuvent être retrouvés en cas d’acidose, je vous en parle ici.

  • Énervement / Agressivité – Léthargie
  • Bâillement excessif
  • Perte de performance ou réticence au travail
  • Mauvais caractère à l’heure des repas ou en général
  • Manque d’appétit ou à l’inverse, engloutit son repas
  • Chez les juments parfois les crises d’ulcère seront interprétées comme « chaleurs douloureuses »
  • Difficulté à prendre du poids (mais les chevaux en surpoids peuvent aussi avoir des ulcères!!)
  • Poils ternes
  • Réaction lors du sanglage- ce signe clinique reste encore controversé. En effet une seule étude a trouvé un lien entre les chevaux agressif au sanglage et les ulcères gastriques alors qu’une autre n’a pas pu mettre de lien entre les deux (seulement 32% des chevaux étant agressif au sanglage avaient des ulcères-). Une troisième étude observant le comportement des chevaux lors de la préparation au travail a mis en avant le fait que seulement 24% des chevaux améliorent leur comportement lors du sanglage après avoir été traités pour ulcères gastriques (avec gastroscopie).

Diagnostics des ulcères gastriques chez le cheval

Jusqu’à maintenant, le SEUL moyen d’être sûr que votre cheval est atteint d’ulcères est un examen par gastroscopie. Invasif et coûteux, beaucoup de propriétaires sont réticents à le réaliser.

La bonne nouvelle, c’est que les chercheurs sont en train de mettre en place d’autres moyens de diagnostic, qui seraient beaucoup moins invasifs .

La prise de sang ?

Une étude récente (Shawaf et al. 2020) a examiné les marqueurs biologiques dans le sang. Il semblerait que des chevaux atteints d’ulcères gastriques auraient un taux de MDA supérieur à la normale. LA MDA, est présente naturellement dans les tissus et représente le stress oxydatif (voir article sur le stress oxydatif en bas). Plus de recherches sont nécessaires afin de pouvoir considérer une prise de sang comme diagnostique pour les ulcères. Avant d’utiliser cette méthode, il faut s’assurer qu’un taux élevé de MDA ne peut pas être lié à une autre maladie ou pathologie, les chercheurs se penchent encore sur le sujet, pour le moment la prise de sang n’est donc pas un moyen précis.

Alors quoi donc ?

Un test salivaire !

Et oui, des chercheurs (Comacho et ses collègues) ont mis au point un test salivaire qui, en analysant certaines protéines contenues dans la salive, permettrait non seulement de savoir si le cheval a des ulcères mais aussi de savoir où se situent les ulcères ! Ce qui permet donc de diagnostiquer mais aussi de pouvoir adapter le traitement au cheval.

L’étude a été réalisée sur 10 chevaux sains et 12 ayant des ulcères (6 glandulaires et 6 non glandulaires), les résultats ont été plus que convaincants. En revanche avant que ce test voie officiellement le jour, une deuxième étude avec beaucoup plus de chevaux devra prendre place afin de s’assurer de la validité ET fiabilité des résultats.

Les recherches avancent

Suite aux résultats prometteurs de Comacho et ses collègues, deux autres équipes de chercheurs se sont penchées sur le sujet.

Mattas-Quintanilla et ses collègues ont étudié l’inflammation chez les chevaux atteints d’ulcères gastriques en analysant leur salive. Ils ont mesuré deux marqueurs inflammatoires : S100A12 et l’adénosine désaminase (ADA), chez des chevaux sains et malades. L’ADA est libérée tôt dans l’inflammation, tandis que S100A12 apparaît plus tard dans le processus. Les mesurer ensemble permet donc de mieux comprendre l’évolution de l’inflammation lors d’un ulcère gastrique.

Les scientifiques ont mené deux études : un essai expérimental, avec 8 chevaux privés de nourriture pour provoquer des ulcères, et un essai clinique. Lors de l’essai clinique, ils ont étudié 57 chevaux : 20 sans symptôme, et 37 présentant des signes d’ulcères gastriques. Ce qui me gêne un peu dans cette étude, c’est qu’un cheval qui ne présente pas de symptôme n’est pas pour autant sans ulcères..

Les résultats

Dans les deux essais, les chevaux avec ulcères avaient des niveaux plus élevés de ces deux marqueurs inflammatoires que les chevaux sains.
Lors de l’essai expérimental, l’ADA augmentait fortement, tandis que la hausse de S100A12 restait modérée.
En conditions cliniques, l’intensité des marqueurs variait selon la localisation de l’ulcère : zone glandulaire (EGGD) ou zone squameuse (ESGD).
En conclusion, ADA et S100A12 dans la salive sont deux indicateurs utiles pour évaluer l’inflammation liée aux ulcères chez le cheval.

Encore des bonnes nouvelles

Quand à Botia et ses collègues, ils se sont concentrés sur le taux d’ocytocine dans la salive et leurs résultats semblent très prometteurs.

Il semblerait donc que nous aurons des tests salivaires sur le marché très prochainement !

Une capsule intra-gastrique

Hodgson et ses collègues ont eu l’idée de transposer chez le cheval un dispositif initialement conçu pour l’humain : une capsule permettant de mesurer en continu le pH gastrique. Pour fonctionner, cette capsule doit être introduite dans l’estomac du cheval via gastroscopie. Cela nécessite donc tout de même une intervention. Mais une fois en place, la capsule peut rester dans l’estomac jusqu’à 158 heures, soit environ une semaine. Pendant ce temps, le cheval peut continuer à s’alimenter normalement, ce qui permet de surveiller en continu l’évolution du pH gastrique. En plus, plusieurs capsules peuvent être installées en même temps, et surtout, elles peuvent être fixées dans des zones différentes de l’estomac. Il est donc possible de suivre le pH de la partie squameuse, mais aussi de la partie glandulaire.

Pourquoi cela nous aide ?

Les ulcères gastriques sont notamment causés par une acidité excessive. Comprendre à quel moment de la journée cette acidité se manifeste pourrait aider à identifier la cause des ulcères. Est-ce lié à l’alimentation ? Au travail ? Au transport ? Une fois la cause identifiée, il devient beaucoup plus simple de la corriger ou de la prévenir.

Mais ce n’est pas tout. Ce dispositif permettrait également d’évaluer l’efficacité des traitements et d’ajuster les doses. Actuellement, tous les chevaux reçoivent la même quantité d’oméprazole en fonction de la gravité des ulcères et de leur poids. Or, certains pourraient très bien répondre positivement à une dose plus faible. Grâce à une mesure précise du pH, il serait alors possible d’adapter les traitements au cas par cas.

Mais c’est hyper invasif ?

Oui et non. En effet, l’installation de la capsule nécessite une gastroscopie car elle doit être placée directement dans l’estomac du cheval. Mais une fois en place, la capsule ne nécessite plus aucune intervention. À la fin de sa durée de vie, elle est naturellement éliminée par le système digestif.

Lors de leur étude, Hodgson et ses collègues ont surveillé attentivement toutes les fixations des capsules. Ils ont pu constater qu’aucune ne laissait de trace, ni lésion, ni inflammation, ce qui démontre la bonne tolérance du dispositif par l’organisme du cheval.

La prévention naturelle des ulcères gastriques

Il existe des méthodes de prévention mais aussi des traitements naturels, en revanche en cas de doute, CONSULTEZ VOTRE VÉTÉRINAIRE !!!!! Lui seul pourra réaliser les examens nécessaires et prescrire le traitement adéquat pour votre cheval. En effet suivant la zone où se situent les ulcères, le traitement ne sera pas le même, je vous en parle ici.

Il existe multiples compléments sur la marché et de nombreuses croyances sur les ulcères. Aloe Vera, curcuma, argile ou encore du riz, je fais le point avec vous sur tout ce qui fonctionne réellement et ce qui peut être dangereux pour votre cheval.

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