
Nous parlons souvent du mal de tête chez le cheval. Mais peut-il vraiment avoir mal à la tête ? C’est une question que je me pose souvent lorsque je trouve de fortes tensions au niveau des cervicales hautes. Prouver que le cheval à mal à la tête est assez compliqué. Certains propriétaires se réfèrent à la communication animale pour en avoir le coeur net, mais cette pratique est encore controversée. Alors, nous n’avons d’autre choix que d’étudier le mal de tête chez l’humain. En observant les causes physiologiques, peut-on déterminer si, oui ou non, le cheval peut avoir mal à la tête? Je pense que vous serez surpris du résultat. Dans cet article, je vous parlerai, entre autres, de comment une tendinite, une couverture ou le headshaking peuvent provoquer un mal de tête chez votre cheval.
Mais d’abord, commençons par les recherches humaines.
Qu’est-ce qu’un mal de tête ?
Un mal de tête, aussi appelé céphalée, se manifeste par une douleur localisée ou diffuse dans la tête. Il débute souvent par une pression ou une tension, parfois accompagnée de nausées. Les stimuli externes, comme la lumière ou le bruit, peuvent intensifier la souffrance. Les causes sont variées : stress, fatigue, déshydratation, troubles circulatoires ou déséquilibres hormonaux. Les migraines sont des sortes de céphalée. Toutes les migraines sont des céphalées, mais toutes les céphalées ne sont pas des migraines. La différence principale entre une céphalée et une migraine réside dans l’intensité, la durée et les symptômes associés. Certaines migraines peuvent être précédées de symptômes visuels. La douleur peut évoluer en pulsations, battements ou sensations oppressantes. Les traitements sont principalement des médicaments, mais la gestion du stress et un mode de vie équilibré contribuent également à la prévention et au soulagement des crises.
Le sucre et le mal de tête
Chez l’humain, un excès de sucre dans l’alimentation peut entraîner des céphalées pour plusieurs raisons que nous allons détailler. Des fluctuations rapides de la glycémie, avec des pics suivis de chutes, peuvent provoquer des maux de tête, notamment en cas d’hypoglycémie. Un régime trop sucré peut provoquer une déshydratation, car l’excès de sucre augmente la production d’urine, réduisant ainsi la quantité d’eau dans le corps. Une inflammation chronique, liée à une alimentation riche en sucre, peut aussi contribuer à des douleurs crâniennes. Enfin, le fait que certaines personnes soient sensibles à certains types de sucre, peut leur déclencher des céphalées.
Je trouvais cette partie importante, car nous savons que les chevaux ne tolèrent pas bien l’amidon, hors l’amidon est un glucide. Je mets juste cette hypothèse ici, mais est-ce-qu’en plus de leur engendrer des ulcères gastriques, l’amidon pourrait leur donner mal à la tête ?
Quelles structures nous donnent mal à la tête ?
Le cerveau lui-même ne ressent pas la douleur, car il ne possède pas de récepteurs de douleur. C’est à dire que nous ne pouvons pas vraiment avoir mal au cerveau. En revanche, c’est bien lui qui interprête toutes les douleurs du corps. Lors d’un mal de tête, c’est la douleur des structures autour du cerveau qui est ressentie. Plusieurs éléments peuvent être responsables de cette douleur :
Les vaisseaux sanguins
Les dilatations ou contractions des vaisseaux sanguins dans le cerveau ou autour peuvent provoquer des douleurs. C’est la cas lors de migraines par exemple. Ces changements peuvent affecter la circulation sanguine, et la douleur perçue est liée à l’activation des récepteurs de douleur dans les parois des vaisseaux.
Les muscles
Les tensions dans les muscles du cuir chevelu, du cou ou des épaules peuvent générer des douleurs irradiant vers la tête. Ces muscles peuvent être sollicités par le stress, la mauvaise posture ou la fatigue.
Les nerfs
Certains maux de tête, notamment les migraines ou les névralgies (comme la névralgie du trijumeau), impliquent des nerfs qui envoient des signaux de douleur au cerveau. Ces nerfs peuvent être irrités ou comprimés, générant des sensations douloureuses. Chez l’humain, la névralgie d’Arnold, peut également donner des céphalée. J’ai eu la malchance de subir cette névralgie, elle est très inconfortable. Je vous en avais d’ailleurs rédigé un article sur le sujet, pour faire la comparaison avec les chevaux. Il est ici.
Les sinus
Les sinusites peuvent provoquer des douleurs dans les sinus frontaux, les sinus maxillaires et les sinus ethmoïdaux (derrière les yeux), ce qui peut également être perçu comme un mal de tête.
Les dents
Une douleur dentaire peut vite remonter à la tête et engendrer des maux de tête.
Les articulations
Arthrose ou inflammation au niveau des cervicales hautes ou encore de l’ATM peuvent être des causes d’un mal de tête. Une dysfonction ostéopathique au niveau de ces articulations peuvent également engendrer des céphalées.
Petit point anatomique
Afin de comprendre la suite, il est important de connaitre ce que sont la dure mère et le pont myodural.
La dure mère
La dure-mère est la membrane la plus externe des trois membranes qui entourent le cerveau et la moelle épinière. Elle est épaisse et résistante, offrant une protection essentielle contre les traumatismes physiques. Elle sert également de barrière contre les infections. En plus de sa fonction protectrice, la dure-mère joue un rôle crucial dans le soutien et l’ancrage du système nerveux central à l’intérieur du crâne et de la colonne vertébrale.
Le pont myodural
Le pont myodural est une structure anatomique située entre les muscles du cou et la dure-mère. Il joue un rôle crucial dans la transmission des forces de tension et des forces mécaniques entre la colonne vertébrale et le crâne.
Qu’est-ce-qu’une force de tension dans le corps ?
Dans le corps humain, des forces de tension peuvent être générées par les muscles, par exemple lorsqu’ils se contractent. Cela exercera une force de tension sur le tendon, qui lui-même exercera une force de tension sur l’os.
Qu’est-ce-qu’une force mécanique dans le corps ?
La force mécanique, sera par exemple lorsque vous soulevez un objet lourd. Votre colonne vertébrale subit une force mécanique de compression sous l’effet de la masse de l’objet.
L’effet des forces sur le pont myodural
Lorsque les muscles du cou se contractent, ces forces sont transmises à la dure-mère, influençant la pression dans le système nerveux central et contribuant à la régulation de la circulation du liquide céphalorachidien. Ce lien entre les muscles et la dure-mère peut aussi avoir un impact sur la posture et les douleurs cervicales. En cas de tensions musculaires au niveau des cervicales hautes, il peut donc influencer la pression intracrânienne et contribuer à des maux de tête, notamment lors des céphalées de tension.
Maintenant, que vous êtes incollables sur l’anatomie crânienne, passons à la suite.
L’impact des muscles crâniens chez l’humain
Dans cette partie, je vais vous parler d’un muscle spécifique : Le petit droit postérieur de la tête. En revanche, ce que nous allons voir peut s’appliquer aux autres muscles crâniens. Le muscle petit droit postérieur de la tête prend son origine sur la première cervicale (l’Atlas) et s’insère sur l’occiput (base du crâne). Il est relié à la dure-mère via le pont myodural. Si ce muscle se retrouve en tension, contracturé ou restreint dans sa mobilité, il ne peut fonctionner correctement. C’est donc un muscle intimement lié au cerveau. Son dysfonctionnement pourrait engendrer des maux de tête.
Voilà, tout ça, c’est ce que l’on sait d’une douleur à la tête chez l’humain. Maintenant, que nous avons vu les paramètres qui peuvent influencer le mal de tête chez l’humain, regardons du coté du cheval. Retrouvons-nous les mêmes structures anatomiques ? Ont-elles le même rôle ?
Le mal de tête chez le cheval
Tout d’abord, si vous souhaitez en savoir plus sur les structures du crâne chez le cheval, le replay du webinaire sur le sujet vous attend.
Dure-mère chez le cheval
Une étude de 2019, a mis en avant que tout comme chez l’humain, la dure mère du cheval était bien reliée au pont myodural au niveau des cervicales. MAIS et c’est là que ça devient très intéressant, le pont myodural est également directement rattaché sur les muscles des cervicales hautes.