La piroplasmose : combattre les tiques

La piroplasmose, souvent appelée « piro », est une maladie parasitaire touchant de nombreux chevaux, et sa prévalence semble augmenter chaque année. Augmentation du nombre ou du diagnostic, dure de savoir. En attendant, dans cet article, nous allons explorer les causes de la maladie, ses symptômes, les méthodes de diagnostic, ainsi que les traitements et conseils pour limiter les risques de rechute. Je vous donnerai également des solutions pratiques pour lutter contre les tiques, vecteurs principaux de la maladie. Et enfin, je vous parlerai des compléments que vous pouvez utiliser pour renforcer l’immunité de votre cheval. Mais attention, certains sont à éviter lors des phase aiguë de la maladie !

Comme cet article est assez complet, je vous invite bien évidemment à le lire dans son intégralité. Toutefois, si seulement une partie de l’article vous intéresse, vous pouvez cliquer sur le titre ci-dessous afin d’y être dirigé directement.

Tiques : Vecteurs de piroplasmose chez le cheval
  1. Qu’est-ce-que la piroplasmose ?
  2. Quelles sont les causes de la Piro ?
  3. Comment la piroplasmose est-elle transmise ?
  4. Comment enlever une tique en toute efficacité ?
  5. Les symptômes
  6. Comment la diagnostiquer ?
  7. Quels sont les traitements et les risques de rechute ?
  8. Comment accompagner son cheval atteint de Piro ?
  9. Prévenir la piroplasmose en renforçant l’immunité
  10. Comment combattre les tiques ?
  11. Que penser du Butox ?

Qu’est-ce-que la piroplasmose ?

La piroplasmose, qu’on appelle en langage courant la piro, fait partie des maladies dites Piro-likes. Ces maladies aux symptômes similaires inclues: l’ehrlichiose, la borréliose, la leptospirose et l’anémie infectieuse équine.

Quelles sont les causes de la Piro ?

La piroplasmose est causée par deux protozoaires parasites : Theileria equi (Théléria) et Babesia caballi (Babésia). Ces parasites infectent les globules rouges du cheval, entraînant leur destruction et provoquant une anémie. La majorité des chevaux infectés restent porteurs du parasite à vie, bien que certains infectés par Babesia caballi puissent développer des anticorps et éliminer le parasite.

Comment la piroplasmose est-elle transmise ?

La plupart du temps, c’est par le biais de tiques que les parasites engendrant la piro seront transmis au cheval. Mais les tiques ne sont pas les seuls vecteurs capables de transmettre la piro. En effet, celle-ci peut être transmise via le sang comme par exemple :

  • Une mauvaise hygiène comme l’utilisation d’une aiguille pour deux chevaux
  • Soigner la plaie de deux chevaux avec le même coton
  • Une transfusion sanguine
  • Des vétérinaires ont également reporté des cas de poulains ayant acquis la maladie via le placenta.

D’après les recherches menées par Pirogo-tick, il semblerait qu’une tique doive rester accrochée plus de 24 heures pour transmettre la piroplasmose. Bien sûr, il existe des exceptions, et les études sur le sujet sont encore en cours. Cela dit, une surveillance attentive de votre cheval, accompagnée d’un retrait régulier des tiques, permettrait de réduire significativement le risque d’infection. En inspectant soigneusement votre animal chaque jour, vous augmentez vos chances de détecter et d’éliminer les tiques avant qu’elles ne puissent transmettre la maladie.

Comment enlever une tique en toute efficacité ?

Pour retirer une tique sans danger, il est important de comprendre comment elle s’accroche. Lorsqu’elle pique, la tique insère dans la peau un organe appelé hypostome, muni de crochets, ainsi que des pièces buccales appelées palpes. Ces structures s’ancrent solidement dans la peau, créant un effet de « non-retour », ce qui rend le retrait délicat. Contrairement à certaines idées reçues, il n’est pas toujours nécessaire d’utiliser une pince spéciale de type « crochet tire-tique ». En réalité, une simple pince fine ou vos doigts (avec précaution) suffisent, à condition de bien s’y prendre. Il faut faire tourner doucement la tique d’environ un quart de tour, ce qui aide à désengager ses crochets, puis tirer lentement vers l’arrière pour la retirer entièrement. Il est crucial de ne pas comprimer l’abdomen de la tique pendant le retrait pour éviter toute régurgitation de salive potentiellement infectée. Ensuite, désinfectez bien la zone de piqûre.

Vérifiez bien évidemment toujours que vous avez enlevé la tête de la tique. Laisser la tête ne peut pas engendrer de maladies piro-like, mais cela peut créer d’autres infections.

La Piro peut-elle être transmise entre chevaux ?

Si une tique male mord un cheval atteint de piro, elle peut ensuite la transmettre à sa prochaine proie sous plusieurs conditions, notamment le cycle de vie dans lequel est la tique. Une fois à l’intérieur de la tique, les parasites pourront éventuellement être transmis aux œufs que la femelle tique pondra. Des tiques naîtront donc avec la piroplasmose et pourront la transmettre aux animaux qu’ils mordront.

Quel est le temps d’incubation et quels sont les symptômes ?

Le temps d’incubation de la maladie est de 10-30 jours, chaque année 5-10% des chevaux atteints meurt de la piro. C’est pour cela que certains pays n’ayant encore recensé de cas refusent l’entrée sur leur territoire de chevaux atteint de la piro.

Quel est le temps d’incubation ?

Chez le cheval, le temps d’incubation de la piroplasmose est généralement de 10 à 15 jours. Durant cette phase silencieuse, les protozoaires responsables de la maladie (Babesia spp. ou Theileria equi) pénètrent dans les lymphocytes, des cellules du système immunitaire. Ils s’y multiplient activement, atteignant plusieurs milliers d’individus. Sous la pression du nombre, les lymphocytes infectés finissent par exploser, libérant les protozoaires dans la circulation sanguine. Une fois dans le sang, ces agents pathogènes envahissent rapidement les globules rouges, marquant le début de la phase aiguë de la maladie. Cette progression rapide permet aux parasites de se disséminer efficacement dans l’organisme, déclenchant les premiers signes cliniques de la piroplasmose.

Les symptômes de la piro

  • Fièvre
  • Muqueuses pales
  • Anorexie
  • Léthargie
  • Anémie
  • Colique ou Diarrhée
  • Perte de performance
  • Perte de forme
  • Perte de poids
  • Avortement
  • Œdème
  • Augmentation du rythme cardiaque et respiratoire
  • Mal fonction des organes créant des symptômes différents suivant l’organe atteint

Dans les formes graves, la maladie peut entraîner la mort du cheval en 24 à 48 heures. Les chevaux porteurs de la maladie peuvent aussi développer des symptômes plus subtils, comme une fatigue chronique ou des troubles de performance, surtout après un stress intense ou un effort physique. Comme vous pouvez le voir, les symptômes sont très nombreux, il peut donc être difficile de détecter la piro.

Comment la diagnostiquer ?

Tous les symptômes peuvent être similaires à d’autres maladies il est donc important de s’assurer que le cheval n’est pas atteint d’une autre maladie. Si votre cheval ne présente qu’une anémie sans autres changements sanguins, il n’a probablement pas la piro !!! Beaucoup de maladies peuvent créer une anémie. D’ailleurs, c’est le cas d’une simple infestation parasitaire ou encore d’ulcères gastriques à un stade avancé.

Le diagnostic de la piroplasmose nécessite une prise de sang. Les vétérinaires examineront les globules rouges sous microscope pour rechercher les parasites. Des tests sérologiques, comme la recherche d’anticorps ou d’antigènes spécifiques, peuvent aussi être réalisés. Cependant, ces tests ne sont pas toujours fiables, surtout dans les cas chroniques ou lorsque la maladie est peu active. La confirmation peut prendre du temps, car certains tests reviennent négatifs, même en présence du parasite.

Certains chevaux sont aussi des porteurs sains, c’est-à-dire qu’ils présenteront la maladie sans pour autant être malade. Malheureusement, il n’est pas inhabituel de traiter directement ces chevaux contre la piro s’ils ont une baisse de forme ou une anémie.

La PCR (Polymerase Chain Reaction)

C’est une méthode de biologie qui recherche directement l’ADN du parasite dans le sang.

  • Si la PCR est positive, cela signifie que le parasite est présent au moment du test.
  • C’est donc une technique très sensible pour détecter une infection active, même si le cheval n’a pas encore développé de défenses immunitaires.

La sérologie

C’est un test qui recherche les anticorps fabriqués par le système immunitaire du cheval contre le parasite.

  • Si la sérologie est positive, cela signifie que le cheval a été en contact avec le parasite et a développé une réponse immunitaire.
  • Elle ne distingue pas toujours une infection ancienne d’une infection récente.

En résumé :

  • PCR = on cherche le parasite lui-même → infection en cours.
  • Sérologie = on cherche la réaction de défense du cheval → contact actuel ou passé avec le parasite.

ATTENTION : très peu de laboratoires sont dotés du matériel et connaissances nécessaires pour effectuer ces tests qui reviennent souvent négatifs malgré la présence du parasite qui est passé inaperçu.

Des avancées scientifiques dans le diagnostic

Des chercheurs ont étudié les changements biochimiques dans le sang de chevaux infectés. Ils ont également voulu tester la fiabilité de certains biomarqueurs selon la méthode de diagnostic utilisée. Un biomarqueur, c’est un indicateur mesurable dans le corps qui donne des informations sur la santé ou une maladie. En gros, c’est un signal biologique qui aide les vétérinaires ou les chercheurs à comprendre ce qui se passe dans l’organisme, à diagnostiquer une maladie ou à suivre son évolution.

L’étude de Duaso et ses collègues, repose sur plus de 1100 échantillons sanguins, collectés entre janvier 2022 et décembre 2024 dans un laboratoire vétérinaire en Espagne.

La partie ci-dessous entre dans les détails et peut paraître complexe… Restez avec moi ! Je vous ai préparé un résumé simple et agréable à lire ensuite. Si vraiment la chimie n’est pas ta tasse de thé, clique ici et je t’emmène directement à la partie plus fun.

Qu’ont-ils trouvé sur les biomarqueurs sanguins des chevaux atteints de piroplasmose ?

Les chercheurs ont reparti les chevaux en trois groupes : non infectés (témoins), positifs par PCR et positifs par sérologie.

  • Les chevaux positifs à la PCR mais négatifs en sérologie présentaient moins de CK (créatine kinase) et plus de triglycérides que les chevaux sains.
  • Les chevaux positifs en sérologie ne montraient pas de différences significatives par rapport aux témoins.
  • Comparés entre eux, les chevaux PCR-positifs avaient des AST plus basses que les chevaux sérologiquement positifs.
  • Aucun ratio biochimique n’a montré de variation notable.

PCR : les biomarqueurs varient-ils selon le type de piroplasmose ?

Chez les chevaux positifs à la PCR, les chercheurs ont comparé ceux infectés par B. caballi, ceux infectés par T. equi et les chevaux sains.

  • Les chevaux B. caballi-positifs avaient plus de triglycérides, de bilirubine totale et indirecte, mais moins de sodium que les chevaux sains.
  • Comparés aux chevaux infectés par T. equi, ils présentaient davantage de bilirubine (totale et indirecte) et moins de sodium et de chlore.
  • Les ratios biochimiques indiquaient un CREA/URE plus faible chez les chevaux B. caballi et un A:G (rapport albumine/globuline) plus faible que chez les T. equi.

Sérologie : les biomarqueurs varient-ils selon le type de piroplasmose ?

L’analyse sérologique a montré des profils différents :

  • Les chevaux B. caballi-séropositifs avaient moins de CK que les témoins.
  • Les chevaux T. equi-séropositifs présentaient davantage de bilirubine totale, de potassium et de GLDH, ainsi qu’un ratio DB/TB plus faible que les B. caballi-séropositifs.

Ces résultats confirment que chaque parasite influence le sang différemment, même si les écarts restent parfois subtils.

Peut-on prédire la piroplasmose sans PCR ni sérologie ?

Les chercheurs ont ensuite testé la capacité prédictive de certains biomarqueurs :

  • Pour B. caballi détecté par PCR, le sodium s’est montré le meilleur indicateur, suivi des triglycérides et de la bilirubine (totale et indirecte), avec une fiabilité modérée.
  • Aucun paramètre n’a pu prédire correctement une infection à T. equi par PCR.
  • Pour la sérologie, seule la CK avait une valeur prédictive modérée pour B. caballi.
  • Aucun biomarqueur n’a permis de prédire de façon fiable une infection sérologique à T. equi.

Le résumé plus fun que toute cette chimie

Imagine que le sang du cheval est comme un grand paddock de troupeau :

  • La bilirubine, ce sont des chevaux « retraités » (globules rouges usés) qui doivent passer par le paddock de tri (le foie) avant de sortir du système.
  • La bilirubine directe (DB), ce sont ceux qui ont déjà passé la porte du paddock, prêts à partir.
  • La bilirubine totale (TB), c’est l’ensemble du troupeau encore en attente, qu’il soit déjà trié ou non.
  • Le ratio DB/TB, c’est donc la proportion de chevaux déjà triés par rapport à tout le troupeau.

Dans la piroplasmose :

  • Les parasites cassent beaucoup de globules rouges → ça fait arriver une masse de « chevaux retraités » d’un coup. Résultat : la bilirubine (TB) monte, car le foie n’arrive pas à trier assez vite.
  • C’est un peu comme si un camion entier de chevaux arrivait à la porte du paddock : le tri ne suit pas, et le troupeau s’accumule.

Pour la CK (créatine kinase) :

C’est une enzyme libérée quand les muscles sont abîmés ou sollicités.

Chez les chevaux atteints de piro, on observe souvent une CK plus basse, non pas parce que les muscles vont mieux, mais parce que le cheval est affaibli, bouge moins, et donc libère moins de cette enzyme dans le sang. C’est comme un cheval qui reste au box malade : il use beaucoup moins ses muscles que s’il travaillait.

J’espère que ce petit résumé t’a aidé à mieux comprendre ce qui se passe dans le corps de ton cheval !

Et toute cette chimie, ça nous apprend quoi sur la piroplasmose?

Eh bien, malheureusement, il n’y a pas encore de solution miracle pour le diagnostic de la piroplasmose. Pour le moment, les chercheurs n’ont pas trouvé de biomarqueur suffisamment fiable pour poser un diagnostic sûr à lui seul.

Cela dit, si la PCR ou la sérologie de votre cheval revient négative, et que vous observez en parallèle une CK basse ou une bilirubine élevée, la piste de la piroplasmose peut tout de même être envisagée.

Autre point important : les chevaux atteints de piroplasmose semblent souvent avoir moins de sodium et de chlore dans le sang. Ces chevaux pourraient donc bénéficier d’un apport en sel supplémentaire. Petite précision : contrairement à ce que l’on pourrait penser, les chevaux ne peuvent pas se réguler seuls avec une pierre à sel, il est donc important de surveiller leur apport.

Quels sont les traitements et les risques de rechute ?

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