
En tant que cavalier, nous aimerions tous avoir un cheval bien musclé. Mais que signifie réellement cette expression ? On emploie souvent ce terme sans toujours en comprendre la portée. Lorsqu’on parle de développer un muscle, on s’intéresse surtout aux muscles striés, qui sont responsables des mouvements volontaires du cheval. Ces muscles sont constitués de fibres différentes, organisées en plusieurs types. On distingue trois grandes catégories :
- les fibres de type I, dites lentes, qui favorisent l’endurance grâce à leur résistance à la fatigue ;
- les fibres de type IIa, considérées comme intermédiaires / mixtes, capables de fournir à la fois rapidité et endurance ;
- les fibres de type IIb, plus rapides et explosives mais fatigables sur de courtes durées.
La répartition de ces fibres dépend en partie de la génétique, mais l’entraînement joue également un rôle déterminant. Par exemple, un cheval d’endurance développera davantage ses fibres lentes, alors qu’un cheval de sprint exploitera surtout ses fibres rapides. Quoi qu’il en soit, tous les chevaux possèdent ces trois types de fibres, simplement en proportions différentes, ce qui leur permet d’adapter leur musculature aux exigences de leur discipline.
Comment se développe un muscle ?
Afin de développer un muscle correctement, il faut comprendre comment les muscles fonctionnent dans leur adaptation. Ce développement variera en fonction de la génétique de votre cheval mais aussi du travail que vous faites.
La physiologie du développement musculaire chez le cheval
Les études menées chez les chevaux ont montré que la performance est directement liée aux caractéristiques de leurs fibres musculaires. Les muscles squelettiques présentent une remarquable capacité d’adaptation, que l’on appelle plasticité, qui permet aux fibres de se transformer sous l’effet de l’entraînement. Cette adaptation peut prendre plusieurs formes.
- La plus connue est l’hypertrophie : les fibres grossissent et deviennent plus puissantes tout en conservant leurs propriétés de base.
- Un remodelage sans hypertrophie, où les fibres ne changent pas de taille mais modifient en profondeur leurs caractéristiques enzymatiques et structurales, souvent accompagné d’une meilleure vascularisation.
- Une réponse mixte, combinant hypertrophie et remodelage.
- Une hyperplasie, c’est-à-dire une augmentation du nombre total de fibres musculaires.
Ces phénomènes expliquent pourquoi deux chevaux soumis à des entraînements différents n’auront pas la même musculature : l’endurance favorise des fibres plus résistantes et efficaces sur le long terme qui doivent être hautement vascularisées, tandis que le travail explosif développe la puissance et la vitesse en augmentant le nombre de fibres musculaires ou leurs tailles.
Pour comprendre comment adapter votre travail à votre discipline, je vous conseille de visionner le replay du webinaire sur la préparation physique du cheval. Et n’oubliez pas que pour un bon développement musculaire, la récupération est PRIMORDIALE !
Grosse masse musculaire = bien musclé ?
Eh bien non ! Un muscle qui paraît volumineux n’est pas forcément un muscle réellement développé. Cette apparence peut simplement venir d’une tension musculaire, ce qui ne signifie pas qu’il est musclé de manière équilibrée ni qu’il pourra progresser correctement. Ce qui compte réellement, c’est le tonus musculaire et le type de fibres musculaires.
Tonus musculaire
Le tonus désigne la tension de base présente dans un muscle, même au repos. Un cheval hypertonique, c’est-à-dire dont les muscles sont constamment trop contractés, ne pourra pas développer sa musculature efficacement. Ses fibres restent « verrouillées » et ne s’engagent pas pleinement dans le travail. À l’inverse, un cheval hypotonique présente des muscles trop relâchés, mous, qui peinent à se contracter avec suffisamment de force pendant l’effort. Dans les deux cas, la progression est limitée : trop de tension bloque la souplesse et l’adaptation musculaire, tandis que trop peu de tonus empêche un engagement efficace.
La bonne nouvelle, c’est que la tonicité musculaire se régule. Elle peut être modulée par différents moyens, notamment les massages, qui aident à détendre ou à stimuler selon les besoins, mais aussi par une alimentation équilibrée qui soutient le métabolisme musculaire. Dans ma pratique, j’ai remarqué que certains chevaux exposés aux mycotoxines via leur alimentation présentaient souvent une hypotonie, c’est-à-dire un manque de tonus musculaire. Cela reste toutefois une observation personnelle et non une donnée scientifiquement prouvée, mais elle souligne l’importance de la qualité de l’alimentation dans la santé musculaire du cheval.
Type de fibre musculaire
Comme nous l’avons vu précédemment, les muscles peuvent évoluer de différentes manières. Dans le cas du remodelage, il ne s’agit ni d’une augmentation du nombre de fibres, ni d’un gain de volume. Ce sont les fibres elles-mêmes qui deviennent plus performantes, notamment grâce à une meilleure utilisation et un apport accru en oxygène. Ainsi, un cheval peut présenter une masse musculaire relativement modeste tout en affichant d’excellentes performances, grâce à un bon tonus et une fibre de grande qualité.
Développer la masse musculaire grâce aux compléments
Aujourd’hui, le marché propose une multitude de compléments censés favoriser le développement musculaire des chevaux. Mais sont-ils vraiment indispensables ? Si vous avez bien suivi le raisonnement précédent, vous savez qu’un muscle ne peut se développer que s’il est soumis à une charge de travail adaptée. Sans stimulation mécanique, aucune poudre ou granulé ne pourra agir comme par magie. Ainsi, donner un complément à un cheval au repos n’aura aucun effet significatif sur sa masse musculaire.
Petite précision importante : un cheval bien musclé, lorsqu’il est mis à l’arrêt, ne devrait pas se démuscler de manière brutale. Si la perte de masse musculaire est trop rapide, cela traduit souvent une musculature de mauvaise qualité, peu fonctionnelle et mal construite.
En revanche, un cheval qui travaille correctement, sans douleur et dans le respect de sa locomotion, sera en mesure de développer une masse musculaire saine et durable. Dans ce contexte, certains compléments peuvent soutenir l’organisme, par exemple en améliorant l’apport en protéines de qualité, en acides aminés essentiels, en antioxydants ou en vitamines et minéraux impliqués dans le métabolisme musculaire.