
L’immobilisation chez le cheval peut arriver à cause de blessures et pathologies ou autres facteurs. Par conséquent, nos chevaux sont parfois confrontés à des périodes d’immobilisation forcée, pour convalescence ou même à cause du mauvais temps. Ceci bouleverse leur rythme de vie et a de nombreux effets négatifs sur leur santé physique et mentale. Dans cet article, je vous partage les effets négatifs qui ont été mis en avant lors des recherches équines. Je vous y partage également, des choses simples que vous pouvez mettre en place afin de limiter les effets néfastes. Cela permettra aussi à votre cheval d’avoir une convalescence plus rapide. Et n’oubliez pas, une convalescence ce n’est pas dramatique. Il y a de nombreuses choses que vous pouvez faire pour améliorer votre cheval et votre équitation alors que celui-ci est convalescent. Je vous parle de tout cela juste ici.
Les conséquences d’une immobilisation
Chez le cheval, nous manquons cruellement d’études sur l’effet de l’immobilisation. En revanche, voici ce qui ressort des études humaines :
- Une atrophie musculaire (Chez l’humain, en 24h seulement pour les multifides– muscles intervertébraux -Hides et al., 1194)
- Adhérences entre les faisceaux d’un même muscle
- Perte de vascularisation musculaire
- Diminution du taux de collagène dans les tendons (ils perdent de l’élasticité et de la force)
- Porosité des os à cause du manque de sollicitation
- Perte de mobilité articulaire liée au manque de mouvement
- Perte cardiovasculaire liée au manque de mouvement
Pouvons-nous les transposer au cheval ? Vous savez que je n’aime pas transposer les recherches humaines au cheval, toutefois, ici, il s’agit de réponses physiologiques et celles du cheval et de l’humain sont très similaires. C’est d’ailleurs ce que démontrent le peu d’études équines que je vous partage dans cet article.
En plus chez le cheval, nous pouvons avoir d’autres problèmes qui apparaissent :
- Troubles digestifs liés au manque de mouvement
- Ennui du cheval et apparition de vices tels que des tics
L’effet de l’immobilisation sur les os et articulations du cheval
En 2002, van Harreveld et ses collègues ont mené une recherche très intéressante. Cette étude avait pour objectif d’évaluer les effets de l’immobilisation puis de la remise en mouvement progressive sur l’articulation du boulet chez le cheval. Ils ont immobilisé l’antérieur de cinq chevaux en parfaite santé (non boiteux) pendant sept semaines via l’utilisation d’un plâtre. Ensuite, lors du retrait du plâtre, les chevaux ont suivi une phase de remobilisation incluant de la marche en main puis du travail sur tapis roulant (malheureusement on ne connait pas la charge de travail).
Ce qu’ils ont trouvé
Après retrait du plâtre, tous les chevaux présentaient une boiterie sur le membre immobilisé, avec une amélioration seulement légère au fil de l’exercice. Les analyses ont montré une diminution importante de l’amplitude articulaire, une augmentation du périmètre du boulet et une baisse de la densité osseuse. Les examens scintigraphiques révélaient une forte augmentation de l’activité osseuse, signe d’un remodelage important, tandis que l’imagerie mettait en évidence une perte d’opacité minérale, des canaux vasculaires plus marqués et un épaississement des tissus mous.

Je vous ai mis une photo extraite de cette étude afin que vous puissiez observer la différence entre le membre immobilisé et non immobilisé. Regardez comme l’os est plus « clair ». C’est un signe de porosité. Regardez aussi comme sa forme a changé. Ces images ont été prises sur un même cheval entre son membre immobilisé et non immobilisé après le retrait du plâtre + 8 semaines de reprise de l’exercice. Les chercheurs ont également observé quelque chose d’important. Au bout des 8 semaines d’exercice, il n’y avait plus de différence significative sur la force du posé du pied au pas. Les chevaux mettaient autant de poids à droite qu’à gauche. En revanche, ils présentaient toujours une boiterie, qui était probablement liée au fait que l’articulation n’avait pas retrouvé toute son amplitude.
En conclusion, huit semaines d’exercice encadré n’ont pas permis de retrouver le niveau de fonction articulaire présent avant l’immobilisation, ce qui souligne les effets délétères d’une immobilisation prolongée sur l’articulation du boulet.
L’effet de l’immobilisation sur les tendons du cheval
L’immobilisation prolongée a des effets profondément néfastes sur les tendons du cheval. Leur maturation dépend étroitement du mouvement : lorsque le tendon n’est pas soumis à des contraintes mécaniques, les fibres de collagène restent désorganisées, moins nombreuses et beaucoup plus fragiles. Au contraire, un étirement contrôlé après la phase inflammatoire stimule la production de collagène et d’extracellular matrix par les ténocytes, améliore l’alignement des fibres et augmente la résistance du tendon. Sans ce stress mécanique, le tissu ne se remodèle pas correctement : le collagène garde une orientation aléatoire et présente une résistance très inférieure. Une immobilisation prolongée entraîne également une baisse du contenu en eau et en protéoglycanes, une diminution de la vascularisation et du métabolisme, conduisant à une véritable atrophie tendineuse et à une structure beaucoup moins apte à supporter les contraintes lors de la remise au travail.
Comment limiter les effets de l’immobilisation ?
Parfois l’immobilisation n’est pas un choix. Blessures ou maladies, les causes peuvent être multiples mais il y a des moyens de limiter les effets néfastes:







