Tout savoir sur l’utilisation de l’huile chez le cheval

Huile pour le cheval

Depuis plusieurs années, les propriétaires et professionnels du cheval cherchent des alternatives aux céréales pour répondre aux besoins énergétiques des chevaux, tout en limitant les risques liés à l’excès d’amidon. Dans ce contexte, l’ajout d’huile dans la ration est devenu une pratique de plus en plus courante. Sans sucre ni amidon, l’huile constitue une source d’énergie hautement digestible, particulièrement adaptée aux chevaux sujets aux troubles digestifs comme les ulcères gastriques. Mais les bienfaits de l’huile ne s’arrêtent pas là : son impact s’étend aussi au comportement, à la digestion, à la santé métabolique et même à la performance sportive. Cet article propose une synthèse des données scientifiques disponibles sur les différentes huiles végétales et animales, leur digestion chez le cheval, leurs effets sur la santé et leur usage optimal. Vous y trouverez également des recommandations pratiques pour bien choisir, conserver et administrer l’huile adaptée à votre cheval.

Sommaire :

  1. Pourquoi donner de l’huile à votre cheval ?
  2. La digestion de l’huile chez le cheval
  3. L’effet de l’huile sur le comportement du cheval
  4. Bien choisir et conserver l’huile de son cheval
  5. Quelle huile donner ?
  6. Quelle quantité puis-je donner à mon cheval ?
  7. Conclusion

Pourquoi donner de l’huile à votre cheval ?

L’huile présente un bien meilleur rapport entre la quantité ingérée (en kg) et l’énergie produite que les céréales. Pour les chevaux au système digestif sensible, rien de mieux qu’une alimentation sans céréales, enrichie en huile pour un apport énergétique efficace.

À l’inverse des céréales, l’huile est une énergie lente, elle n’aura pas l’effet « excitant » des céréales.

L’huile ne contient ni sucre ni amidon, elle est donc une excellente source pour fournir de l’énergie tout en réduisant l’apport en céréales et donc en amidon. L’huile est donc conseillée pour les chevaux ulcéreux. De plus, les vitamines liposolubles A, D, E et K nécessitent la présence de graisses pour être correctement absorbées par l’organisme. En ajoutant de l’huile dans la ration de votre cheval, vous facilitez donc l’assimilation de ces vitamines essentielles, contribuant ainsi à une meilleure santé globale. Il est important de se rappeler qu’à partir du moment où vous ajoutez de l’huile dans la ration de votre cheval.

La digestion de l’huile chez le cheval

Comme le cheval n’a pas de vésicule biliaire, il est souvent pensé que le cheval n’est pas capable de digérer l’huile. Or, bien qu’il n’ait pas de vésicule, le cheval produit quand même de la bile, seulement elle ne peut pas être stockée et est donc déversée dans le tube digestif en continu.

Huile et estomac

L’huile présente de nombreux effets positifs sur l’estomac, mais elle ne permet pas à elle seule de prévenir les ulcères gastriques, contrairement à une idée reçue.
En effet, Franck et ses collègues ont démontré que l’huile seule — qu’il s’agisse d’huile de maïs, d’huile de son de riz raffinée ou d’huile de son de riz brute — ne suffit pas à réduire le risque d’ulcères gastriques non glandulaires si la ration du cheval n’est pas correctement adaptée à ses besoins nutritionnels. Cependant, Cargile et ses collègues, ont eux observé qu’ajouter 45ml d’huile de maïs à la ration permettait d’avoir un effet protecteur sur la muqueuse gastrique.

Huile et intestin grêle du cheval

En 1996, oui encore une vieille étude, mais c’est la période à laquelle nous avons commencé à étudier l’huile pour les chevaux. Meyer et ses collègues ont voulu savoir comment l’ingestion d’huile de soja ou de noix de coco pendant 15 jours, impactait la digestion au niveau de l’intestin grêle.

Voici ce qu’ils ont trouvé

L’ajout de graisses dans l’alimentation stimule fortement le passage du contenu digestif dans l’intestin grêle (du jéjunum à l’iléon), et cela peu importe le type ou la quantité de graisse.

La digestion des graisses avant la fin de l’intestin grêle s’améliore nettement : elle passe d’environ 30–38 % (sans ajout de graisse) à 73–80 % avec un apport modéré de graisse (250ml pour un cheval de 500kg), et à 82–86 % avec un apport élevé (500ml pour un cheval de 500kg). Le type de graisse ne change pas ce résultat.

Plus il y a de graisses ajoutées, plus les niveaux d’acide lactique et d’acides gras à chaîne courte dans l’intestin diminuent (mesurés 5 heures après le repas). Cela est plutôt très positif car ça signifie qu’il y a moins d’acidité.

L’ajout de graisse réduit la quantité d’hydrogène (H₂) dans l’air expiré, ce qui reflète des changements dans la fermentation intestinale. Par contre, le méthane (CH₄) n’est pas vraiment affecté, sauf avec 500ml d’huile de soja qui semble en diminuer légèrement la production.

L’ajout de graisses n’a pas d’effet significatif sur l’absorption du magnésium et du calcium, mais il augmente la sécrétion de phosphore dans l’intestin (c’est-à-dire que plus de phosphore est libéré dans le tube digestif).

La digestion des protéines au niveau de l’intestin grêle semble être légèrement diminuée par l’ajout de graisses.

Conclusion

Lorsque de l’huile est ajoutée à la ration, il est possible que le cheval absorbe légèrement moins bien les protéines — c’est un point important à garder en tête. Cependant, plus l’apport en graisses est progressif et régulier, mieux le cheval sera capable de les digérer. Son système digestif s’adapte progressivement à la composition de son alimentation.

Huile et gros intestin

Suite à une étude, Janssen et ses collègues pensent qu’un apport élevé en matières grasses chez les chevaux pourrait entraîner une arrivée trop importante de graisses dans le gros intestin. Cela risquerait de gêner le travail des bactéries qui digèrent les fibres (les bactéries cellulolytiques).

Ce phénomène – la concurrence entre les graisses et la digestion des fibres – peut poser problème dans la pratique. En effet, si l’on calcule la valeur énergétique d’une ration en se basant uniquement sur les tableaux standards des aliments, on risque de surestimer l’énergie réellement apportée par les ingrédients riches en fibres. Autrement dit, trop de graisses dans la ration pourrait nuire à la bonne digestion des fibres et fausser les calculs de la ration. Toutefois, dans leur étude, Janssen et ses collègues avaient formulé les rations de manière à ce qu’elles contiennent un total de 37 % d’huile de soja par rapport à l’aliment. Concrètement, cela signifie que si votre cheval consomme 3 kg d’aliment par jour, il faudrait lui donner environ 1 kg d’huile ! Autrement dit, c’est une quantité vraiment énorme

Huile et vitamine E

Je n’en parlerai ici que très brièvement, car un article complet est déjà consacré à ce sujet. Retenez toutefois un point essentiel : dès lors que vous ajoutez de l’huile à la ration de votre cheval, il est indispensable de compléter avec de la vitamine E naturelle. Cette vitamine joue un rôle clé pour lutter contre le stress oxydatif induit par le métabolisme des graisses. Elle contribue ainsi à protéger les cellules et à maintenir un bon équilibre général.

Maintenant que nous savons que le cheval digère très bien l’huile, intéressons-nous à son influence sur le comportement du cheval.

L’effet de l’huile sur le comportement du cheval

En 1996, Holland et ses collègues ont mené une étude pour évaluer l’effet de l’huile sur le comportement des chevaux. Pour cela, ils ont constitué deux groupes : un groupe témoin recevant une ration à base de céréales, et un autre groupe divisé en 3 recevant la même ration, enrichie avec soit :

  • 10% d’huile de maïs
  • 5% de lécithine de soja + 5% d’huile de soja
  • 5% de lécithine de soja + 5 % d’huile de maïs

Ce qu’ils ont trouvé

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