Des sabots en bonne santé, c’est possible mais comment?

On aimerait tous voir nos chevaux avec des sabots en bonne santé. Biotine, graisse, argile ou encore huiles essentielles, de nombreux produits vous sont proposés à la vente. Que valent-ils vraiment? Répondons ensemble à ces questions, avec études scientifiques à l’appui, comme toujours !

Comprendre le sabot

Petit point obligatoire sur la physiologie et l’anatomie du pied. Promis ça va être hyper court mais c’est très important de le lire pour comprendre pourquoi un produit est utile ou non. D’ailleurs si vous souhaitez comprendre plus en détail le pied de votre cheval, le replay du webinaire avec Jonathan Cotte vous attend!

Commençons par la paroi du sabot. Elle pousse d’environ 6-9mm par mois pour un renouvellement complet du sabot tous les ans. La paroi est formée de Kératine. C’est ce qui lui confère sa dureté mais elle contient également environ 25% d’humidité afin de garder une certaine élasticité.

La paroi du sabot fait environ 1cm d’épaisseur au niveau de la pince et environ 2 fois moins au niveau des talons. Elle grandit de 6 à 9mm par mois environ. La paroi est composé principalement de Kératine et contient environ 25% d’humidité.

Le périople (bourrelet périoplique) permet de protéger la bande coronaire, jonction avec la peau. Sa texture diffère donc légèrement du reste du sabot. En surface du sabot, nous avons une couche protectrice qui est imperméable. Dessous, il y a une autre couche, qui cette fois est très résistante et donne la rigidité au sabot. Et enfin, sous cette couche les lamelles qui permettent d’attacher le sabot aux tissus du pied.

La sole est, elle aussi, faite de Kératine mais contient environ 33% d’eau. Cela la rend plus molle que la paroi du sabot. La sole s’épaissit là où elle rencontre la paroi du sabot. La fourchette, elle, est composée d’une matière très élastique et contient environ 50% d’humidité.

Les sabots sains

On sait, grâce à des études que, sur un sabot sain, l’eau, les graisses et même les protéines n’arrivent pas à pénétrer à plus d’un millimètre dans le sabot. Que ce soit à travers la paroi, la sole ou la fourchette. Donc si votre cheval n’a aucun problème de pieds, inutile de lui mettre de la graisse (ou autre). En effet, à part modifier la barrière naturelle du sabot (ce qu’on veut éviter à tout prix) vous n’aurez aucun effet. De plus cela ne fait pas pousser la corne plus vite. Nous savons également que l’hydratation du sabot se fait de l’intérieur vers l’extérieur et non l’inverse.

Alors pourquoi mon cheval a des meilleurs pieds avec la graisse ?

Oui, c’est vrai que lorsque vous mettez de la graisse, les pieds de votre cheval sont beaucoup plus beaux ! Mais en réalité, bien souvent, la graisse ou les onguents donnent l’illusion d’un sabot parfait. Malheureusement, cet effet est superficiel et masque souvent un sabot de mauvaise qualité en dessous. C’est un peu comme si vous mettiez du vernis sur vos ongles : tant que le vernis est là, l’ongle a l’air beau, mais dès que vous l’enlevez, vous voyez les dégâts. C’est exactement pareil pour votre cheval. En plus, à cause de la graisse ou des onguents, vous empêchez le sabot d’avoir sa protection naturelle, car ces produits altèrent sa structure. C’est pour ça que, lorsque vous arrêtez de graisser les pieds, vous avez l’impression que le sabot se dégrade. En réalité, vous voyez juste sa véritable qualité.

La composition d’une corne saine

Le pied nu devient à la mode pour nos chevaux de sport et de loisir mais cela fait longtemps que certains chevaux de course, notamment en trot attelé, courent pieds nus. Toutefois, tous les chevaux n’ont pas des sabots de qualité suffisante pour courir de manière durable sans fers. Actuellement, il n’existe pas de méthode objective permettant d’évaluer si les sabots d’un cheval sont adaptés à la course pieds nus, ce qui soulève des questions de bien-être animal si les entraîneurs commettent une erreur dans l’évaluation des caractéristiques fonctionnelles des sabots. Pour pallier à ce manque de connaissances, Spörndly-Nees et ses collègues ont comparé la composition chimique de la paroi du sabot et la composition en acides gras du coussinet digital entre deux groupes de chevaux : l’un composé de chevaux ayant couru fréquemment sans fers, et l’autre de chevaux qui, ne pouvant courir sans fers, participaient aux courses ferrés.

Les chercheurs ont prélevé des échantillons de la paroi du sabot post-mortem sur les quartiers latéraux de la paroi du sabot, ainsi que sur des chevaux vivants. Ils ont ensuite analysé leur teneur en :

  • macro- et microéléments,
  • azote,
  • matière sèche,
  • acides aminés totaux et libres.

Pour les chevaux euthanasiés, les chercheurs ont également pu prélever des échantillons du coussinet digital afin d’analyser leur teneur en acides gras totaux et libres.

Résultats : différence de composition de la corne

Les chevaux ayant couru fréquemment sans fers présentaient des concentrations plus faibles en cuivre dans la paroi du sabot que ceux ayant couru avec des fers. De plus, les chevaux pieds nus avaient tendance à afficher des concentrations plus élevées en azote et en soufre. Par ailleurs, ils présentaient des niveaux plus élevés en arginine dans la paroi du sabot, ainsi qu’une tendance à avoir des concentrations plus importantes en cystéine et en proline. En revanche, aucune différence n’a été observée entre les deux groupes pour les autres éléments ou acides aminés étudiés, ni pour la composition en acides gras du coussinet digital.

En concret, qu’est-ce que cela veut dire ?

Ces résultats suggèrent que certains éléments chimiques, notamment le cuivre, l’arginine, l’azote, le soufre, la cystéine et la proline, pourraient jouer un rôle crucial dans les qualités fonctionnelles du sabot et la capacité du cheval à courir sans fers sans détériorer ses sabots. Cependant, l’analyse chimique de la paroi du sabot et du contenu graisseux du coussinet digital ne semble pas être une méthode définitive pour distinguer les chevaux aptes à courir sans fers de ceux qui ne le sont pas.

Les huiles essentielles

Cela nous emmène aux huiles essentielles. Si une paroi saine ne laisse passer aucune huile ni protéines, on peut imaginer que les HE ne peuvent pas non plus passer la couche protectrice. Je dis « imaginer » car je n’ai pas d’étude à vous partager sur le sujet – donc on ne sait pas. Si vous mettez des HE et que le lendemain vous sentez encore l’odeur de l’huile Essentielle, c’est aussi normal. En effet, celle-ci peut s’incruster dans la première couche (dans les 1mm). En revanche, cela ne veut pas dire qu’elle a une action profonde ni qu’elle atteint les tissus profonds ou le réseau sanguin. Il faut imaginer que les HE doivent passer la barrière imperméable du pied puis ensuite parcourir 1cm environ pour atteindre les premiers vaisseaux sanguins.

Je vous partage d’ailleurs cette beauté, extraite du wébinaire de Simon Curtis où vous pouvez observer le réseau sanguin du pied.

Un pied abimé

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