Mésothérapies et infiltrations sont devenues populaires dans les soins vétérinaires. Elles sont souvent critiquées, mais appréciées par d’autres. Alors découvrons ensemble ce qu’elles sont, à quoi elles servent et si elles sont vraiment efficaces. C’est parti !
Mais à quoi servent-elles ?

Chez le cheval, l’infiltration et la mésothérapie sont deux techniques d’injection utilisées en médecine vétérinaire pour soulager la douleur et améliorer le confort de l’animal, mais elles diffèrent par leur mode d’application et leurs objectifs. Grâce à cet article, j’espère vous aider à y voir plus clair et à pouvoir choisir le traitement adapté à votre cheval en toute connaissance de cause. Voici les thèmes abordés :
- Infiltrations intra-articulaire
- Mésothérapie
- Donc, les infiltrations et mésothérapies sont-elles utiles ?
- Faut-il infiltrer ou préférer la mésothérapie ?
- Les pathologies : arthroses, conflits de processus épineux, tendinites et desmides.
Infiltrations intra-articulaire
L’infiltration consiste à injecter directement un produit dans une zone précise, le plus souvent à l’intérieur d’une articulation. Les substances utilisées peuvent être des anti-inflammatoires, des analgésiques, mais aussi des préparations plus innovantes comme les cellules souches ou le PRP (plasma riche en plaquettes). L’objectif est de réduire l’inflammation et la douleur, afin de restaurer la mobilité et d’améliorer les performances. Cette technique est souvent utilisée en cas de troubles articulaires, comme l’arthrose ou certaines lésions traumatiques. Son effet peut être rapide, mais elle nécessite un diagnostic précis et une réalisation par un vétérinaire expérimenté. Les infiltrations sont grandement étudiées chez le cheval notamment pour lutter contre l’arthrose. Vous pouvez retrouver toutes les études à leur sujet dans le replay du webinaire sur l’arthrose.
La mésothérapie
La mésothérapie, quant à elle, consiste en une série de petites injections, superficielles ou intramusculaires, sur une zone plus large. Les produits injectés peuvent être des médicaments classiques ou issus de la phytothérapie. Cette méthode pourrait être particulièrement intéressante pour traiter les douleurs diffuses ou chroniques, ainsi que les tensions musculaires persistantes. En agissant localement, la mésothérapie permettrait de réduire la douleur tout en stimulant les tissus et la circulation sanguine dans la région traitée.
Que nous dit la science sur la mésothérapie ?
La mésothérapie est utilisée en médecine humaine depuis les années 1950, notamment pour la gestion de la douleur, la rééducation et certaines affections musculosquelettiques. Des recherches menées chez l’humain ont montré qu’une injection de médicaments à une profondeur égale ou inférieure à 4 mm diffuse plus lentement. Cela prolonge la durée d’action par rapport à une administration intramusculaire, intraveineuse ou orale.
Comment agit la mésothérapie ?
Les mécanismes proposés
Plusieurs hypothèses expliquent l’action de la mésothérapie :
- La théorie du « gate control » : stimuler certaines fibres nerveuses bloquerait la transmission du message douloureux vers le cerveau.
- L’hyperstimulation des terminaisons nerveuses libres et la contre-irritation : en sollicitant les nerfs de la peau, on réduirait la perception de la douleur.
- Un effet mécanique lié aux aiguilles : leur insertion dans la peau provoquerait une stimulation physique et une distension des tissus
- L’action locale du ou des médicaments injectés.
En résumé, le derme contient de nombreuses terminaisons nerveuses impliquées dans la modulation de la douleur. Leur stimulation pourrait réduire la transmission des signaux douloureux et donc la perception globale de la douleur.
Et chez le cheval ?
Contrairement à la médecine humaine, la littérature scientifique reste très limitée sur la sécurité et l’efficacité de la mésothérapie équine. Pourtant, son usage est répandu. Il semblerait que 56 à 77% des vétérinaires aient recours à la mésothérapie pour soulager les douleurs dorsales.
Une enquête a montré que 42 % des vétérinaires équins considéraient l’efficacité de la mésothérapie pour le traitement des douleurs de dos comme « bonne à excellente ». Toutefois, aucun travail de recherche objectif ne confirmait cette impression clinique jusqu’à 2025. Et oui ça y est, la première étude sur les effets de la méso vient de sortir, et je suis très contente car c’est une étude qui a été très bien menée. Bien sûr, on voudrait voir un plus grand nombre de chevaux testés, mais c’est déjà un bon début. Allez, je vous dévoile tout ça.
PS: pour ceux qui ne sont pas intéressés par le déroulement de l’étude, cliquez ici et je vous emmène directement aux résultats expliqués simplement.
Méthodologie de l’étude
Répartition des chevaux
- 12 chevaux inclus dans l’étude.
- Répartition aléatoire en deux groupes de 6 (traitement et contrôle)
Évaluations réalisées
À J0 (avant traitement), puis à J2, J7 et J28 :
- Évaluation de la colonne vertébrale : douleur myofasciale thoracolombaire, tonus musculaire, spasmes, algométrie de pression.
- Analyse cinématique grâce à 51 capteurs capteurs
- Analyse de la stabilité posturale.
- Les évaluations manuelles de la colonne ont été réalisées par un seul praticien expérimenté, en aveugle (sans savoir quel cheval avait été traité).
Traitement par mésothérapie
- Après l’évaluation initiale, tous les chevaux ont été sédatés (détomidine + butorphanol).
- Préparation aseptique de la région thoracolombaire (garrot → bassin).
- Groupe traitement : mésothérapie avec aiguilles intradermiques multi-injecteurs.
- 3 rangées d’injections espacées de 2,5 cm.
- Chaque côté traité avec : 8 mg de dexaméthasone + 300 mg de mépivacaïne, dilués dans 60 ml de NaCl 0,9 %.
- Groupe contrôle : même préparation (sédation et désinfection), mais sans injection.
Mode de vie des chevaux « tests » et « contrôles » et routine de travail
- J0 à J2 : repos box (avec 2 séances de 10 minutes de marche en main à J1 et J2).
- J3 et J4 : travail léger monté (pas et trot).
- J5 à J28 : reprise du travail complet selon le programme habituel de l’entraîneur ou du cavalier.
Résultats de l’étude
Nous voilà à la partie intéressante ! Voici ce que les chercheurs ont pu observer :
Douleur myofasciale thoracolombaire
- Aucune différence significative entre le groupe mésothérapie et le groupe contrôle, quel que soit le moment de l’évaluation.
En simple : pas de différence au niveau de la douleur dorsale au toucher.
Tonus et spasmes des muscles épaxiaux
- Pas de différence significative entre les deux groupes à aucun moment.
En simple : pas de différence au niveau de la réaction musculaire des muscles étudiés.
Seuils nociceptifs mécaniques
- À J2, au niveau de la 3ème lombaire à droite, le groupe mésothérapie présentait une douleur réduite.
- Cette différence n’était plus significative aux jours 7 et 28
- Aucune différence sur les autres sites de la colonne.
En simple : Aucune différence au niveau du seuil de tolérance à la douleur entre les chevaux tests et contrôles.
Analyses cinématiques
- Pas de différence significative dans la distance nez– pointe de la hanche entre les groupes, à gauche comme à droite.
- Pas de différence significative de l’incurvation vertébrale entre les deux groupes.
- Pas de différence significative entre les groupes pour la hauteur des marqueurs thoracolombaires lorsqu’on demande une élévation du sternum (par rapport à T6).
Stabilité posturale
- Aucune différence significative entre les groupes à aucun moment.
Conclusion de l’étude
Un traitement unique de mésothérapie associant dexaméthasone, mépivacaïne et solution saline n’a pas permis d’améliorer la douleur myofasciale thoracolombaire, le tonus et les spasmes musculaires, l’amplitude de mouvement ou la stabilité posturale chez les chevaux présentant des signes de douleur dorsale sans diagnostic structurel préalable. Ces résultats suggèrent que l’utilisation de la mésothérapie dans ce contexte nécessite encore des recherches complémentaires pour justifier sa pertinence clinique. Toutefois, cette étude, comme toute étude présente des limitations. En voici quelques-une :
Tout d’abord, les examens de la colonne vertébrale ont été réalisés par un seul praticien. Cela a permis d’assurer une cohérence entre les différentes évaluations, mais l’intervention de plusieurs examinateurs aurait probablement renforcé la fiabilité et la validité des résultats. Par ailleurs, aucun cheval n’a bénéficié d’imagerie diagnostique, comme des radiographies ou échographies, pour identifier une éventuelle pathologie sous-jacente. Or, certaines affections spécifiques pourraient mieux répondre à la mésothérapie, et l’absence de diagnostic structurel rend difficile l’évaluation précise de l’efficacité du traitement.
Une autre limite tient à l’absence de protocole d’exercice standardisé. Les chevaux sont restés sous la responsabilité de leur propriétaire ou entraîneur, et leurs régimes de travail ont donc varié, introduisant un biais potentiel. La taille réduite de l’échantillon constitue également une limite majeure : avec seulement douze chevaux inclus, il est délicat de tirer des conclusions généralisables. Enfin, l’ajustement de la selle n’a pas été évalué dans cette étude. Certains chevaux pouvaient être montés avec une selle mal adaptée, ce qui entretient la douleur dorsale. À l’inverse, une modification ou un remplacement de la selle au cours de l’étude aurait pu améliorer la situation indépendamment de la mésothérapie, introduisant ainsi un facteur de confusion.
Perspectives de recherche
Ces résultats ouvrent plusieurs pistes d’exploration. Il serait intéressant de tester d’autres médicaments ou combinaisons de médicaments, comme cela se pratique couramment en clinique. De même, l’effet de traitements répétés mérite d’être étudié, car les séries de mésothérapie, bien que peu utilisées chez le cheval, pourraient avoir un impact positif. Une sélection des cas en fonction de pathologies identifiées par imagerie permettrait aussi de mieux cibler les situations où la mésothérapie est la plus bénéfique.
Donc, les infiltrations et mésothérapies sont-elles utiles ?
Ces deux techniques ne remplacent pas un travail de fond sur la cause du problème. Elles peuvent apporter un soulagement, parfois durable, mais leur efficacité est optimale lorsqu’elles s’intègrent dans un plan global comprenant repos adapté, rééducation et suivi régulier. Le choix entre infiltration et mésothérapie dépendra de la nature de la pathologie, de la zone concernée et des objectifs fixés pour le cheval, qu’il soit de sport ou de loisir. Un échange avec votre vétérinaire est essentiel pour déterminer la solution la plus adaptée.
Faut-il infiltrer ou préférer la mésothérapie ?
Mêmes causes, mêmes effets
Mésothérapies et infiltrations peuvent être une aide mais elles ne dispensent pas de chercher la cause, au contraire.
Avant de répondre à cette question, j’ai trois exemples concrets à vous donner, ne pensez pas qu’ils soient uniques, car des exemples comme ça, j’en ai des tas !
Premier exemple
Une cliente trouve que son cheval ne se muscle pas le dos correctement.
En effet, sa selle ne lui convient pas du tout et vient vraiment comprimer le garrot, ce qui engendre des douleurs dorsales. Financièrement, elle ne peut pas modifier ou changer de selle. Sa solution est donc de réaliser une mésothérapie afin que son cheval soit dans le confort.
Mettre le cheval dans le confort est une priorité, nous en sommes d’accord. Cependant, si vous ne résolvez pas le problème sous-jacent, il reviendra. Les douleurs du cheval réapparaîtront, et il faudra recourir à des infiltrations de manière répétée. D’un point de vue financier, si le cheval est assuré, la mésothérapie revient moins cher, mais à long terme, modifier la selle demeure une solution plus économique. Sans compter les répercussions sur les douleurs dorsales du cheval, qui réapparaîtront rapidement.
Deuxième exemple
Un cheval présentant des conflits de processus épineux se fait infiltrer (rien d’anormal). Mais il a de nouveau des douleurs dorsales et sa locomotion commence à être modifiée.
Pourquoi ? Malgré la douleur dorsale, la propriétaire n’a jamais modifié le travail du cheval afin de l’adapter à sa pathologie. Même cause, même effet. Parfois, à vouloir faire des économies on se retrouve à dépenser plus d’argent…
Troisième exemple
La jument d’une cliente se met à refuser soudainement à l’obstacle. Le véto intervient. Il n’effectue aucune radio, mais pour lui le problème vient du dos. Il propose donc une méso + 3 infiltrations intra articulaires au niveau du garrot, sous la selle et des lombaires. Ensuite, il informe la cliente qu’elle devra réaliser ceci tous les ans. La propriétaire ne voit pas de grosses différences mais bon c’est le véto qui l’a dit. L’année d’après, la même. Celle d’après j’arrive enfin à la convaincre de changer de véto.
Le nouveau véto refuse d’infiltrer ou de réaliser une méso sans radio. Il fait des radios, le dos NICKEL. En revanche, quelque chose le perturbe sur un antérieur. Il réalise une radio et s’aperçoit qu’il y a un remodelage osseux. Pour lui pas besoin d’infiltration, juste une modification de la ferrure. Cette jument aurait probablement pu éviter les infiltrations dès le début si ce vétérinaire (malheureusement réputé) avait réalisé les examens correctement.
Alors, on infiltre ou on fait une mésothérapie ?
Les mésothérapies et les infiltrations sont des aides qui pourraient s’avérer utiles à condition que la bonne procédure soit respectée, que le travail et le matériel soient adaptés par la suite. Avant d’infiltrer il faut connaitre la source du problème.
En cas d’arthrose
Si vous souhaitez infiltrer votre cheval qui a de l’arthrose, je vous conseille de visionner le replay du webinaire dédié à cette pathologie. Vous y trouverez les différentes molécules que l’on peut injecter, naturelles ou non, mais surtout leur effet et efficacité. Le replay est juste ici.
En cas de conflits de processus épineux
Lorsqu’un cheval présente des conflits, les muscles dorsaux se contractent très souvent pour protéger la zone et compenser. De ce fait, une mésothérapie ou une infiltration sont souvent recommandées. Il existe de nombreux facteurs à prendre en compte dans le choix du traitement. Je vous ai détaillé tout ce que l’on sait, d’un point de vue scientifique, sur les effets de ces traitements, ainsi que le pronostic sportif associé à chaque procédure. Quelle que soit la solution retenue, vous verrez que le plus important reste le travail et la rééducation mis en place après les soins. Découvrez tout cela juste ici.
Infiltrer une tendinite ou desmite ?
Il est également possible d’infiltrer une tendinite ou desmite avec du PrP ou encore des cellules souches. Cela est assez onéreux mais les résultats sont plutôt convaincants ! Je vous parle de tout cela dans le replay des webinaire sur les tendinites.
Études
Riccio B, Fraschetto C, Villanueva J, Cantatore F, Bertuglia A. Two multicenter surveys on
equine back-pain 10 years a part. Front Vet Sci 2018;5
Wilson JM, McKenzie E, Duesterdieck-Zellmer K. International survey regarding the use of
rehabilitation modalities in horses. Front Vet Sci 2018;5
Costantino C, Marangio E, Coruzzi G. Mesotherapy versus systemic therapy in the
treatment of acute low back pain: A randomized trial. Evidence-Based Complementary
and Alternative Medicine 2011;2011.
M.P. Vig, M.R. King and E.K. Contino (2025). The effect of mesotherapy on epaxial myofascial pain, thoracolumbar range of motion and postural stability in horses with back pain, Journal of Equine Rehabilitation.