Et si, derrière la légende des méridiens, se cachait une structure jusque-là invisible à l’œil nu, que la science pourrait commencer à révéler…
Le concept des méridiens provient de la médecine traditionnelle chinoise (MTC), qui les décrit comme des canaux énergétiques permettant la circulation du Qi (énergie vitale). Ces canaux seraient interconnectés et formeraient un réseau reliant les organes, la peau et les points d’acupuncture.
Ces méridiens n’ont, a priori, aucun équivalent direct dans la médecine occidentale, bien que certains aspects semblent se superposer aux systèmes circulatoire, nerveux, lymphatique ou musculaire.
De son côté, le shiatsu est une pratique japonaise fondée sur l’acupression, les massages et les étirements. Il commence à montrer des effets mesurables, signes que le corps physiologique pourrait répondre à ces pratiques énergétiques. Alors c’est parti, détaillons tous ces sujets ensemble avec ce super article co-écrit par Jil de Pax animalis. Nous aborderons tous les thèmes suivants :
- Acupuncture et méridiens
- La MTC et la médecine occidentale
- Que sait-on du shiatsu ?
- Effet placebo et subjectivité
- Aider votre cheval grâce à l’acupression
Acupuncture et méridiens
Commençons par les travaux réalisés sur les méridiens, si vous voulez bien.
La découverte des méridiens
C’est en 2008 que Wei-Bo Zhang met en évidence l’existence de canaux biologiques, situés sous la peau. Ces canaux présenteraient une résistance hydraulique plus faible que les tissus environnants – exactement là où passent les méridiens d’acupuncture selon la MTC.
Grâce à des mesures de pression, des injections de traceurs (isotope 99mTc, bleu Alcian) et l’observation du déplacement de liquide interstitiel, ils ont démontré que ces « canaux à faible résistance hydraulique » sont connectés entre eux et facilitent la circulation du liquide, comme le Qi serait censé se déplacer.
De la même façon, une autre étude expose, pour la première fois, l’existence physique des méridiens d’acupuncture chez l’humain, en observant l’apparition de « canaux lumineux » sur le corps après une stimulation par moxibustion (application de chaleur sur un point). Ces structures correspondent étonnamment bien aux trajets décrits dans les manuels de MTC.
Cette découverte ne confirme pas seulement l’existence des méridiens. Elle suggère aussi que l’énergie pourrait circuler sous forme de “lumière” dans le corps. Et cela remet en question notre compréhension actuelle de la matière vivante.
Mise en avant d’un réseau incroyable
En 2023, l’équipe de Tongju Li, en collaboration avec Harvard, a un objectif simple : injecter de la fluorescéine dans un point d’acupuncture – MC6 pour les geeks. Ce choix de point n’est pas dû au hasard mais alors on rentrerait vraiment dans un cours complet de MTC.
Cette injection permet ainsi de suivre la migration du colorant sur plusieurs heures. 79 % des injections ont révélé une ligne fluorescente se propageant le long du bras, exactement sur le trajet traditionnel du méridien du péricarde ! Dans certains cas, bien que le colorant n’ait pas atteint la même précision, celui-ci s’est néanmoins déplacé, suggérant l’existence d’un réseau de communication plus subtil dans les tissus, non associé aux vaisseaux sanguins ou lymphatiques classiques. Des tests de contrôle, en injectant le colorant à côté du méridien et non dedans, n’ont montré aucun tracé lumineux.

(Tongju Li et al)
Les points d’acupuncture
Nous avons également cette étude de 2014, dans laquelle une équipe de chercheurs a utilisé une technologie avancée d’imagerie (la tomodensitométrie par contraste de phase basée sur la lumière synchrotron (à vos souhaits)) pour comparer les structures anatomiques des points d’acupuncture avec celles de zones non concernées (Ciblage des points E36 et E37), comparés à des sites non-acupuncture proches.
Selon leurs résultats, les points d’acupuncture présentent une densité microvasculaire significativement plus élevée et les zones sans points d’acupuncture ne montrent aucune spécificité. L’étude confirme que les points d’acupuncture ont une anatomie unique et identifiable.
Méridien d’acupuncture VS méridien myofasciaux
Pour finir, on a également la recherche de Dosher, qui s’est penché sur la probable correspondance entre les méridiens d’acupuncture traditionnels et les « méridiens myofasciaux ». Les méridiens myofasciaux sont des chaînes anatomiques reconnues en biomécanique moderne pour transmettre tension et mouvement à travers les muscles et fascias.
En comparant visuellement les tracés des 12 méridiens d’acupuncture avec ceux de 9 méridiens myofasciaux sur un modèle anatomique humain, les chercheurs ont constaté un chevauchement significatif dans 89 % des cas. Ces résultats suggèrent que les méridiens d’acupuncture pourraient effectivement exister dans la couche myofasciale du corps. Cette découverte offre ainsi une base anatomique moderne à ce concept ancien.
Même si ces études sont encourageantes, le mystère qui entoure la nature exacte des méridiens reste entier. Globalement je peux vous résumer ce passage par : il n’y a pas encore de consensus scientifique mais…il y a un truc. On attend impatiemment les études à plus grande échelle !
La MTC et la médecine occidentale
Quand quelque chose nous échappe, notre cerveau cherche naturellement une explication à partir de ce qu’il connaît déjà. Les chercheurs occidentaux ont appliqué cette logique à la médecine traditionnelle chinoise : si la MTC parle de flux d’énergie dans le corps, qu’est-ce qui pourrait réellement créer cette énergie ? Après réflexion et observation, une réponse s’est imposée : les mitochondries. Elles pourraient bien être le moteur invisible derrière le flux énergétique décrit par la MTC.
Les mitochondries sont souvent décrites comme les « centrales énergétiques » (Trauma unlocked : cours de biologie du collège) de nos cellules. Ces petites structures à double membrane se trouvent à l’intérieur de presque toutes les cellules du corps. Elles sont responsables de produire l’énergie dont notre corps a besoin pour fonctionner. Elles transforment les nutriments en énergie utilisable grâce à des processus comme le cycle de Krebs et la bêta-oxydation, qui génèrent l’adénosine triphosphate (ATP), la monnaie énergétique des cellules. Sans mitochondries, nos cellules ne pourraient pas maintenir leurs fonctions, et nos organes les plus actifs, comme le cœur et les reins, seraient particulièrement vulnérables.
Le stress, qu’il soit physique, émotionnel ou environnemental, a un impact direct sur les mitochondries. Lorsqu’une personne ou un animal est stressé, la demande énergétique augmente, et les mitochondries peuvent devenir moins efficaces ou produire plus de radicaux libres, des molécules qui endommagent les cellules. D’ailleurs, de nombreuses études mises en avant dans une méta-analyse publiée en 2018 (Picard et McEwen), ont trouvé qu’un stress réduisait la taille des mitochondries. Une mitochondrie plus petite, épuisée ou endommagée peut contribuer au développement de maladies métaboliques, cardiovasculaires ou neurologiques, car les cellules ne reçoivent plus assez d’énergie pour fonctionner correctement.